🔗 Lire le sondage complet ici : elabe.fr, 21 juin 2025 (PDF)

Le sondage Elabe publié le 21 juin 2025 place Rachida Dati largement en tête des intentions de vote pour les municipales parisiennes de 2026. Avec 28% à 34% selon les configurations testées, la ministre de la Culture devancerait très largement ses concurrents au premier tour. Pourtant, cette avance nette masque une réalité politique plus complexe : un paysage instable, une gauche sous tension mais numériquement majoritaire, et un second tour qui reste largement indécis. Décryptage.

📊 Une avance nette… mais conditionnelle

Oui, Rachida Dati domine le premier tour, parfois de plus de 10 points. Elle rassemble une large part des électeurs LR et une majorité de ceux d’Ensemble, profitant du recentrage de la droite et de l’éclatement de la gauche. Mais son socle repose sur une équation fragile :

  • Elle est très clivante : 54% des Parisiens en ont une image négative.
  • Elle est très dépendante d’un électorat spécifique, notamment les retraités, ce qui peut être un atout dans une population vieillissante, mais pose question en cas de forte mobilisation des jeunes.
  • Son avance s’effrite dès qu’une offre de centre-droit autonome (comme Pierre-Yves Bournazel pour Horizons) entre en lice.

En clair, elle domine par fragmentation adverse, pas par adhésion transversale. Et cette domination peut vaciller dès que les autres blocs s’organisent.

🌿🌹 Duel stratégique PS vs EELV : la gauche cherche son leader

Le sondage révèle une compétition serrée entre le PS et les écologistes pour incarner le pôle central de la gauche parisienne :

  • David Belliard (EELV) monte à 22% dans certaines hypothèses, bien au-dessus de son score de 2020 (11%).
  • Emmanuel Grégoire (PS-PC), dauphin désigné d’Anne Hidalgo, plafonne entre 16% et 19%, et Rémi Féraud descend à 14–15%.

Ce duel est décisif. Car en l’absence d’union dès le premier tour, celui qui arrivera devant aura une légitimité renforcée pour conduire une éventuelle liste de rassemblement au second tour.

Mais attention : le sondage montre que ni l’un ni l’autre ne parvient à capter intégralement l’électorat Glucksmann des européennes. La bataille du leadership est autant une affaire de stratégie que d’image.

🔴 LFI et l’équation Chikirou : la faiseuse de roi ?

Sophia Chikirou (LFI) recueille entre 14% et 17% des intentions de vote. Un score solide, et surtout, arithmétiquement suffisant pour se maintenir au second tour, puisqu’il faut franchir le seuil de 10% des suffrages exprimés.

Cela ne garantit toutefois pas une présence partout : dans certains arrondissements, notamment dans l’Ouest parisien, LFI pourrait être éliminée d’emblée si elle y reste en deçà du seuil.

Deux lignes de conduite se dessinent :

  • Un maintien au second tour, possible et assumé comme stratégie d’autonomie, mais qui serait bien éloigné des enjeux de l’élection municipale.
  • Un ralliement post-premier tour à une liste de gauche unifiée, sans quoi Chikirou offrirait, semble-t-il, un boulevard à Dati.

La suite dépendra donc de la capacité des forces de gauche à dépasser les tensions internes pour éviter un “21 avril municipal” à la parisienne. Sauf si cela est le souhaite de LFI…

🗺️ Le facteur PLM : un scrutin territorial et incertain

On l’oublie souvent, mais l’élection municipale parisienne n’est pas un scrutin classique. Elle est régie par la loi PLM (Paris-Lyon-Marseille), qui prévoit une élection par arrondissements, avec désignation indirecte du maire via le Conseil de Paris.

Or, une réforme est actuellement à l’étude en commission mixte paritaire, avec plusieurs scénarios sur la table : redécoupage des arrondissements, seuils modifiés, mode de désignation du maire ajusté.

➡️ Si la loi PLM actuelle est maintenue, la gauche reste avantagée : ses bastions sont nombreux et bien répartis dans les arrondissements les plus peuplés.
➡️ Mais si la réforme renforce une logique unitaire ou introduit davantage de proportionnelle, alors la droite pourrait mieux convertir sa puissance dans les beaux quartiers (7e, 8e, 16e) en sièges au Conseil de Paris et gagner du terrain.

🧭 Conclusion : une campagne à fronts renversés

Le sondage donne l’illusion d’une droite triomphante. Mais en réalité, Rachida Dati ne gagnera pas l’élection au premier tour, ni sans une abstention massive à gauche. La campagne qui s’ouvre va se jouer sur plusieurs fronts :

  • À gauche, une guerre de leadership stratégique entre PS et EELV, sous l’œil scrutateur de LFI.
  • Au centre, un dilemme sur la place du macronisme dans une capitale sociologiquement progressiste.
  • À droite, une candidate puissante mais exposée, dépendante d’un effet d’aubaine plus que d’une vague de fond.

Si la gauche parvient à s’unir au second tour, elle reste largement favorite, même face à une Rachida Dati bien implantée. Mais encore faut-il qu’elle le veuille. Et qu’elle le puisse.

N’oubliez pas, avec opinion-municipales-2026.fr, les sondages électoraux concernent même les villes de taille moyenne !

Catégories : Uncategorized

0 commentaire

Laisser un commentaire

Emplacement de l’avatar

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *